le magasin d'écritureSi vous avez un peu de temps devant vous, testez le magasin d’écriture, un jeu d’écriture original qui laisse libre cours à votre imagination  : http://www.zulma.fr/atelier-ecriture.html.

Le principe est on ne peut plus simple : vous établissez des listes de mots : 10 sujets, 10 verbes, 10 compléments… sans jamais imaginer de rapport les uns avec les autres. Vous mettez le tout dans une soupière et hop ! La magie opère ! Sous vos yeux ébahis, vous obtenez un texte d’une extrême onctuosité !

Un très bon exercice pour libérer son écriture, jouer avec les mots en faisant tomber tout complexe : les idées s’emboitent d’elles-mêmes, pas de page blanche… On se révèle… écrivain !

Après quelques retouches, voici le résultat de mon expérience :

« Par la fenêtre, je vis que le ciel était devenu noir et que les premières étoiles étincelaient. Je clignai des yeux pour m’accoutumer à la pénombre de la pièce et vis que la silhouette entr’aperçue était celle d’une mince jeune fille avec une longue couette qui enroulait son cou gracile. Elle était assise sur un lit recouvert de feuilles déchirées et me dévisageait.

Distraitement, tout en la fixant, j’enregistrai les conversations autour de moi : « On m’a dit que monsieur était fâché contre madame depuis que leur fils se prenait pour une étoile à l’école de danse. » « Regarde-le ! Il se tient raide dans son pull noir. On dirait un moine sévère. Vivement que l’on annonce le repas ! L’ambiance ici est vraiment lugubre. »

A l’école toute proche, la cloche sonna et elle fut réveillée par les cris des enfants surgissant de sa fenêtre ouverte. Elle resta figée un long moment, en position assise. Puis elle tendit la main vers le livre ouvert sur sa table de chevet et en déchira une feuille, et une autre, et encore, méticuleusement…

Ils poussaient des cris de victoire et en se rapprochant de moi, me poussaient peu à peu vers l’orée de la forêt. Je jetai un regard inquiet vers la silencieuse pénombre et continuai à reculer. Je lâchai mon cartable et mes affaires s’éparpillèrent au sol. Mes cahiers, ma trousse d’où s’échappa un vieux crayon à la mine cassée, ma tasse Iron Man offerte par l’oncle Henri…

C’était une planque impeccable. De cette chambre, je pouvais voir la forêt qui s’étendait derrière l’hôpital. J’avais aussi une vue imprenable sur la clairière un peu plus loin et la maison du garde-chasse. Dans la pièce immaculée, se trouvait une plante verte, seule signe de vie tangible. Le vieux, retenu dans son lit par toute une tuyauterie, ne bougeait pas d’un iota. Il y avait un téléphone blanc à côté de lui. Je doutais qu’il y réponde jamais plus mais moi, ça me servirait. »

Je m’abuse où on dirait que voici surgir les prémisses d’une véritable histoire ?