On tache de se corriger mais rien à faire : difficile de s’empêcher de truffer nos mails ou nos discours de « has been », « asap », « speed », « cool » et autres insupportables anglicismes. Une fâcheuse habitude qui nous prive de la diversité de notre belle langue française et qui nous pousse bien souvent à la faute. Voici quelques exemples de ce qu’il ne faut surtout pas faire. Et quelques perles savoureuses de l’Académie Française destinées à nous ouvrir les yeux sur ces emplois bien fâcheux…

anglicismes« Je réalise » pour « Je me rends compte »

Fichtre ! Grave erreur ! Et l’Académie française est formelle à ce sujet : « « Réaliser » pour « se rendre compte » est un anglicisme à éviter ». Après tout, est-il vraiment utile de détourner notre verbe de sa seule acception courante attestée par la vénérable institution, à savoir « rendre réel et effectif » ?

  • Réaliser ses espoirs, ses promesses, sa fortune.
  • Réaliser des bénéfices, des économies.
  • Ses rêves se sont réalisés. Il se réalise pleinement dans son métier.

Dans le sens abusif de « faire », on pourra écrire de préférence : exécuter une acrobatie, composer une œuvre musicale, pratiquer une politique, effectuer des travaux, obtenir un résultat, etc. Notre vocabulaire est tellement riche ! Pourquoi se priver ?

« Déceptif » pour « Décevant », « confusant » pour « confus »…

Déceptif, néologisme tiré de l’anglais deceptive, est un faux ami et c’est à tort qu’on lui donne le sens de « décevant ». L’anglais deceptive signifie en effet « trompeur ». Cet adjectif est dérivé de deception, lui-même emprunté de l’ancien français deception, « tromperie ». On se rappellera donc qu’aujourd’hui déception signifie « désappointement » et non « tromperie », et que le français a à sa disposition des termes comme décevant ou trompeur qui permettent d’éviter tout malentendu !

« Confusant » est également à proscrire car il n’existe pas en français de verbe confuser ! On doit lui préférer des termes depuis longtemps validés par l’usage comme troublant, perturbant, déconcertant

Ces mots qui hérissent l’Académie (extraits)

GUEST : Le verbe inviter est attesté en ancien français depuis le XIVe siècle et le nom qui en est tiré, invité, depuis le XVIIIe siècle. On considèrera donc que ce dernier est assez ancien pour qu’il n’y ait pas lieu de lui substituer la forme anglaise guest. Il serait donc préférable d’éviter des formes comme le guest du mois. Transformer un invité en guest ne le rendra pas plus prestigieux, de même qu’il est probable que, même avec l’antéposition de l’adjectif propre à la langue anglaise, un spécial guest ne sera pas plus brillant qu’un invité spécial.

LIGHT : Light, voilà un anglicisme qui semble être plus qu’un signifiant : c’est une promesse. Une promesse de lendemains non pas chantants, mais de lendemains légers, sans gras ni sucre. Ce bonheur annoncé a été un temps cantonné aux rayons crèmerie et boissons gazeuses de nos magasins : on pouvait y acquérir, moyennant quelque monnaie, des yaourts light, des sodas light. Mais à quoi bon un tel bonheur s’il n’eût été universel ? Grâce au ciel, le light a maintenant touché tous les domaines de notre vie, à commencer par les prix, devenus, moyennant pourtant toujours quelque monnaie, eux aussi, light. Et faisons confiance à ceux qui n’ont d’autre but que notre félicité : craignant sans doute que, comme les Sybarites des temps anciens, nous soyons rassasiés de ces voluptés ordinaires, les publicitaires sont allés encore plus loin et, désormais, tout un chacun peut toucher aux rivages fortunés d’un bonheur plus grand encore, celui de l’extra light. Et il faudrait être bien impudent pour croire que de petits prix, voire de tout petits prix pourraient être aussi tentants, aussi alléchants que des prix light, voire extra light, et que les yaourts light ne sont pas plus savoureux que ne le seraient de bien ordinaires yaourts allégés.

ASAP : Asap est l’abréviation de as soon as possible, « dès que possible ». Cette abréviation, qui est loin d’être transparente, semble cumuler la plupart des vices d’une langue qui cache son caractère méprisant et comminatoire sous les oripeaux d’une modernité de pacotille. L’emploi de formes françaises développées serait plus pertinent et n’aurait pas ce désagréable caractère d’injonction. Et il y a fort à parier que le caractère d’urgence d’une requête pourrait être marqué avec plus d’urbanité et que la réponse ne tarderait pas plus.

Génial ! Et tellement bien écrit… Pour en savoir plus et s’amuser : néologismes et anglicismes sur le site de l’Académie Française.